À qui, l’art? À nous, l’art!

L’art, l’art, l’art. Qui suis-je pour vous parler d’art?

Une fille qui enfile les joggings quelques fois par mois le temps de faire des blagounettes sur une scène mal éclairée devant un public intoxiqué par l’orge et le houblon?
Une fille qui s’esclaffe en entendant une flatulence (surtout les siennes)?
Une fille qui essaye de lire de romanesques histoires écrites il y a plusieurs années, mais qui se décourage trop souvent au deuxième chapitre parce que «c’est ben trop compliqué ces histoires-là» ?

Eh oui, ce genre de filles là. Celle qui croit qu’il est grand temps de rendre l’art au peuple. Je m’explique. Est-ce normal d’être gouverné par un gouvernement qui se gâte le ciseau un peu trop souvent afin de couper grossièrement dans les domaines artistiques? Non.
Est-ce normal de lire des commentaires donnant raison à ces coupes «parce que c’est pas nos taxes qui devraient payer les artisses de la gaugauche?» Non.
Est-ce normal de scander que le théâtre, c’est pour les intellectuels? Oh non, je ne crois pas.

Et si on arrêtait de catégoriser les domaines artistiques, les styles de musique ou bien les oeuvres cinématographiques. Si on arrêtait de se dire qu’un tel film de Dolan s’adresse à un tel genre de public. Si on arrêtait de dire que l’art contemporain, c’est pas nécessairement accessible. Si on arrêtait de qualifier certaines musiques de «commerciales» (hello, les radios). Si on brisait c’est barrières là, pis qu’on se donnait la permission de consommer tout l’art qu’on souhaite, sans se demander si elle nous convient ou non.

Il est temps de passer aux confessions.
J’écoute La Voix, mais j’aime aussi entendre toutes les Safia Nolin de ce monde.
J’ai lu toutes les Confessions d’une accro du shopping, mais je lis aussi les oeuvres de Dany Laferrière.
J’écoute certaines séries de Fabienne Larouche, mais j’ai aussi vraiment hâte d’aller voir Roméo et Juliette au TNM.
Pis savez-vous quoi? J’ai même pas peur de vous en parler.

S’il vous plait, pouvons-nous arrêter d’avoir honte, de nous sentir «p’tit peuple»? Si on mesurait l’effet qu’une forme d’art a sur nous en «degré frisson», tout serait plus simple. Le «degré frisson»? Je m’explique. Si t’as des frissons en écoutant un film, il est pour toi. Si t’as des frissons, en lisant un roman, il est pour toi. Si tu n’as pas de frisons en entendant une chanson, c’est correct, elle n’est pas pour toi, mais elle en fera certainement frissonner d’autres.

On est d’accord? On se dit fuck les catégories, on écoute ce qu’on veut, quand on le veut et on ne se juge pas? On arrête d’avoir peur de ne pas être assez intellectuel pour risquer d’aller voir une pièce de théâtre, d’aller à une exposition ou d’aller dans les petits cinémas indépendants. On prend le temps d’écouter nos frissons, ils ont rarement tort.

Allez, sortez et consommez tout l’art que vous pouvez! Par le fait même, vous aurez encouragé un artiste.

Sans rancune, Fabienne Larouche, on le sait que tu travailles fort (et que tu fais travailler les autres encore plus fort).

Chloé

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